Yan Degorce-Dumas

« 50 % des ventes se sont faîtes durant les 15 derniers jours. Cela nous a obligé à être agile et à adapter nos temps forts de communication. »

Du 19 au 24 avril derniers, le festival du Printemps de Bourges Crédit Mutuel a fêté son grand retour. Pendant 6 jours, plus de 130 artistes se sont succédés sur les 12 scènes réparties dans la ville de Bourges. Pour le retour de son format originel, le festival a affiché une programmation exceptionnelle comprenant, entre autres, Dutronc et Dutronc, Eddy de Pretto, Roméo Elvis, Nto, Folamour, Oboy, Dinos ou encore IAM.
Après l’événement, nous avons eu la chance d’aborder les nouveautés et les défis de cette édition du festival avec Yan Degorce-Dumas, responsable de la communication, du marketing et de la billetterie.

Découvrez son témoignage !

S.T : Bonjour Yan, et merci d’avoir accepté d’échanger avec See Tickets ! Pouvez-vous vous présenter ?

Y.D.D : Je m’appelle Yan Degorce Dumas, et je suis responsable de la communication et de la billetterie pour le festival, ainsi que pour le dispositif iNOUïS. Après avoir fondé et développé Panda Events, pendant plus de 15 ans, acteur culturel à la base des Plages électroniques de Cannes, du Moga Festival au Maroc ou encore du Crossover Festival à Nice, j’ai rejoint les équipes du Printemps de Bourges Crédit Mutuel en 2017.

De manière générale, je me suis très vite retrouvé dans les valeurs et dans le projet du Printemps de Bourges. Historiquement, le festival a été fondé pour donner la parole aux artistes qui n’étaient pas diffusés sur les radios, tels que Renaud ou Higelin. C’est aujourd’hui le plus ancien festival de musiques actuelles, et un des festivals mettant la création, la découverte et l’émergence au cœur de sa démarche artistique. Depuis 1986, le festival accueille chaque année les artistes repérés par les iNOUïS du Printemps de Bourges Crédit Mutuel, le premier dispositif national de repérage, sélection et accompagnement de jeunes artistes. Une démarche unique, qui s’appuie sur plus de 350 professionnel·les mobilisé·es partout en France, Belgique, Suisse et Québec, c’est particulièrement précieux pour le soutien à l’émergence partout sur le territoire.

S.T : En quoi ces valeurs originelles sont encore importantes aujourd’hui ?

Y.D.D. : De manière très simple, on considère vraiment nos valeurs comme structurantes pour l’identité du festival et l’expérience que l’on veut offrir. Les valeurs de création, de découverte, d’émergence, de responsabilité, de diversité et de transmission se retrouvent dans l’ensemble de l’expérience du festival.
Par exemple, avec 60% à 70% des artistes venant présenter un premier EP ou un 1er album, notre programmation insiste sur la volonté de faire émerger ou découvrir de nouveaux artistes. De plus, cette année, nous avons essayé de promouvoir un maximum l’expérience sociale du festival. Organiser un festival, c’est un peu construire un village éphémère. C’est aussi tisser un lien fort avec un territoire, ses acteurs, ses habitants. C’est ce que nous défendons avec le le Printemps dans la Ville, notre offre en accès libre, comprenant la mise en place de concerts sur deux scènes extérieures et d’expériences gastronomiques et culturelles, afin que chacun·e puisse vivre le Printemps.
On essaye vraiment d’avoir une expérience en accord avec nos valeurs. Cela nous permet d’avoir un public d’habitués et une expérience unique.

S.T. : Après plusieurs éditions perturbées par la pandémie, comment avez-vous abordé l’édition 2022 ?

Y.D.D. : Dans un premier temps, il a fallu travailler sur nos deux catégories de publics qui se sont créées à cause de la pandémie : les habitués qui ne sont pas retournés au festival depuis 2019 et les jeunes entre 14 et 20 ans qui n’ont pas encore pris l’habitude de sortir régulièrement. Nous avons donc communiqué différemment sur des canaux dédiés.
Pour les habitués, nous avons mis en avant le souvenir de l’expérience si particulière d’un festival tout en rassurant cette population. Les nouveautés et l’atmosphère pendant le Printemps de Bourges ont été relayées auprès de cette population.
Pour les plus jeunes, nous avons eu une programmation rap qui a énormément parlé à cette population. Des artistes comme Oboy, Dinos ou encore Gazo ont eu un impact sur ce public. Avec l’aide du pass Culture, nous avons ainsi pu mettre des opérations en place tout au long de la phase de vente et encore plus en amont de l’événement.

Dans un second temps, la pandémie a eu un impact majeur sur les comportements d’achat de nos publics. L’achat s’est fait de manière beaucoup plus rapproché de l’événement que lors des dernières éditions. 50 % des ventes se sont faites durant les 15 derniers jours. Cela nous a obligé d’être agile et d’adapter nos temps forts de communication.

Par conséquent, nous avons dû travailler sur des messages ciblés de novembre jusqu’au dernier jour du festival avec une adaptation constante des tarifs, et une communication la plus personnalisée possible dans le respect des normes de la RGPD. Notre politique CRM a été orientée sur le bon message au bon moment à la bonne personne. Nous ne voulons pas une communication de masse mais des messages plus ciblés selon la période ou les artistes. Ces messages se sont ainsi intensifiés à l’approche du festival et au fur et à mesure que le public a été rassuré par la tenue de l’événement dans de bonnes conditions sanitaires.

S.T : Est-ce que tu aurais un conseil pour les festivals qui arrivent ?

Y.D.D : En plus de l’agilité qui s’est révélée indispensable ces derniers mois pour s’adapter en permanence à des contextes mouvants, je pense qu’il faut continuer à prendre du plaisir à faire ce métier. Il faut être sérieux sans se prendre au sérieux. A partir du moment où on perd ce plaisir, on a tendance à ne plus être créatif et le public s’en rend vite compte. L’industrie du live doit faire face à de nombreux défis, entre l’inflation des coûts ou le phénomène de concentration, ce qui nuit parfois à la diversité.
Et c’est ce qui est intéressant sur un festival tel que le Printemps de Bourges Crédit Mutuel :  notre propos est ailleurs, notre proposition singulière. Et nous avons déjà hâte de la prochaine édition !

S.T : Merci beaucoup Yan !